Exposition Bonnard et le Japon

Exposition Bonnard et le Japon

Exposition Bonnard et le Japon
Hôtel de Caumont-Centre d’Art

3, rue Joseph Cabassol – 13100 Aix-en-Provence
Tél. : 04 42 20 70 01

En 2024, l’Hôtel de Caumont consacre son exposition Bonnard et le Japon à l’influence de l’art nippon sur ce dernier.

Il s’agit de la première exposition sur le sujet, qui permettra de montrer comment Bonnard – celui que l’on surnommait autrefois le « Nabi très Japonard » – intégra dans son traitement de l’espace, du temps et du mouvement,
l’esthétique de l’art japonais, pour créer des œuvres en rupture avec le naturalisme et l’impressionnisme.

Les œuvres du peintre français seront exposées en regard d’estampes japonaises afin d’illustrer leurs correspondances et leurs affinités formelles, ainsi que l’importance de cette source d’inspiration pour l’artiste.

L’influence du Japon sur les artistes occidentaux est à l’origine d’innovations fondamentales dans l’art au tournant du XXe siècle.

En 1867, l’année de la naissance de Pierre Bonnard, se tient à Paris la septième Exposition universelle qui présente pour la première fois des œuvres et des produits en provenance du Pays du Soleil-Levant.

Si cet évènement contribue au lancement de la vogue du japonisme en France, c’est à la fin des années 1880 que Bonnard tombe sous le charme des estampes japonaises et commence une collection comprenant plus d’une centaine de gravures.

Au fil du temps, celles-ci constituent une source d’inspiration et de références pour son travail. Ces images, venues d’un pays lointain, enseignent à Bonnard de nouveaux principes esthétiques qui bouleversent sa pratique artistique.

Loin d’être sous l’influence d’un engouement passager et d’une fascination purement formelle, Bonnard intègre également dans son art certains principes de la philosophie nippone inspirés par le bouddhisme, comme la méditation sur l’impermanence du monde, la contemplation de la nature, le goût pour l’hédonisme ou encore l’attention aux détails de l’existence quotidienne.

À travers cette exposition, le public peut (re)découvrir les œuvres de Bonnard ainsi qu’une sélection d’estampes japonaises provenant de la prestigieuse collection Leskowicz, afin de bien comprendre comment le style de Bonnard fut marqué jusqu’au bout par les concepts et l’esthétique japonais.
Une présentation scénographique dynamique permet de montrer comment des œuvres d’artistes aussi éloignés dans le temps, l’espace et la culture, soulèvent des questionnements esthétiques proches et expriment des idées, des émotions, des situations présentant de nombreux points communs.
Très tôt, le Japon aura mis Bonnard sur la voie de la couleur, de la lumière, de l’instantané et de l’expression des sentiments éphémères

Pierre Bonnard. "Le jardin de Paris", 1896-1902. Huile sur toile , 118 x190 cm
Pierre Bonnard. "Le jardin de Paris", 1896-1902. Huile sur toile , 118 x190 cm

À la fin du XIXe siècle, au sein du groupe des Nabis, Pierre Bonnard (1867-1947) bouleverse les recherches sur la modernité artistique grâce à la subtilité de sa représentation des sensations visuelles.
Bonnard partage sa vie entre la région parisienne, la Normandie, l’Isère et la Côte d’Azur. Il achètera une maison au Cannet, non loin d’Aix-en-Provence.
L’agitation des villes, la douceur de vivre à la campagne et les paysages baignés de la lumière dorée du Midi seront pour l’artiste autant de prétextes à une représentation nouvelle du mouvement ainsi qu’à une réflexion poussée sur le traitement de la couleur, des sentiments fugaces du quotidien et de la beauté des éléments. Ses œuvres vibrantes révèlent un sens inégalé des couleurs et de leurs infinies variations.

"L'Écuyère" 1897 - 27,8 X 34,8 cm
"L'Ecuyère" 1897 - Huile sur carton - 27,8 X 34,8 cm

Les estampes japonaises, dont il tombe amoureux très jeune sans jamais se rendre au Japon, mènent « le plus japonais de tous les peintres français« , comme le qualifiait le critique d’art Charles Saunier, sur la voie d’une révolution du regard qu’il accomplit depuis années 1890 jusqu’à la fin de sa vie en 1947.

A la façon des estampes japonaises : Pierre Bonnard, Femmes au jardin : Femme à la robe à pois blancs ; Femme assise au chat ; Femme à la pèlerine ; Femme à la robe quadrillée, 1890-1891, Détrempe sur papier marouflé sur toile, panneaux décoratifs, 160,5 x 48 cm (chaque panneau), Paris, musée d’Orsay
A la façon des estampes japonaises : Pierre Bonnard, Femmes au jardin : Femme à la robe à pois blancs ; Femme assise au chat ; Femme à la pèlerine ; Femme à la robe quadrillée, 1890-1891, Détrempe sur papier marouflé sur toile, panneaux décoratifs, 160,5 x 48 cm (chaque panneau), Paris, musée d’Orsay

Exposition Bonnard et le Japon : les estampes japonaises

Nombreux sont les artistes occidentaux à être fascinés par les gravures japonaises aux couleurs séduisantes.
Dans les années 1860, suite à l’ouverture commerciale du Japon avec la France, les gravures de type ukiyo-e servent à caler les produits manufacturés dans les caisses d’expédition.
A la base de la production se tient l’éditeur qui choisit son peintre en fonction du sujet qu’il veut réaliser. Le dessin passe ensuite entre les mains du graveur puis de l’imprimeur qui applique chaque couleurs les unes après les autres en posant le papier sur les planches gravées.

Bonnard va être marqué par des caractéristiques esthétiques que l’on trouve dans les estampes japonaises comme la vivacité des couleurs, la planéité de la composition, l’absence de plan médian et l’utilisation des vides et des pleins.

Le terme de ukiyo-e – composé de ukiyo traduit par monde flottant, et e qui signifie image, estampe ou peinture désigne un mouvement artistique de l’époque Edo (1603 à 1868).
Le « monde flottant » fait référence au principe bouddhiste de l’impermanence du temps qui évoque le caractère éphémère des phénomènes, la beauté mystérieuse de la nature et des êtres ainsi que le charme subtil des choses.

Exposition Bonnard et le Japon

Pierre Bonnard, « Nu gris de profil »,
vers 1933, Huile sur toile, 114 x 61 cm,
Musée Albertina, Vienne.

Pierre Bonnard, « Nu à la lumière »,
1
908, Huile sur toile, 115,5 x 63,2 cm,
MAH Musée d’art et d’histoire, Genève.

Le maître de la couleur s’inspire également du détachement de l’illusionnisme des artistes japonais, ce qui leur apportait une grande liberté dans la construction de leurs images, afin d’y créer plusieurs espaces et temporalités.
Mais c’est véritablement la vivacité des tons présente dans les estampes, notamment celles affichées dans sa chambre, qui extasie Bonnard : « J’avais compris au contact de ces frustes images populaires que la couleur pouvait comme ici exprimer toutes choses sans besoin de relief ou de modelé. Il m’apparut qu’il était possible de traduire lumière, formes et caractère rien qu’avec la couleur ».

Pierre Bonnard, "La nappe blanche", 1925, Huile sur toile, 100 x 112 cm,
Pierre Bonnard, La nappe blanche, 1925, Huile sur toile, 100 x 112 cm,
Pierre Bonnard, L’Amandier en fleurs, vers 1930, Huile sur toile, 51,1 x 34,9 cm, Musée Bonnard, Le Cannet,

L’AMANDIER EN FLEURS
vers 1930 – Huile sur toile
Le Cannet. Musée Bonnard.

Bonnard confie que l’amandier de son jardin, qui est le premier arbre a fleurir a la sortie de l’hiver lui donne « la force de le peindre chaque année « .
Planté au fond du jardin du Cannet, ou il se trouve encore aujourd’hui, l’amandier en fleurs est la sentinelle du retour du printemps.
La mousse blanche des fleurs, qui occupe toute la hauteur du tableau témoigne de la vitalité de la nature.
L’arbre se détache sur un ciel d’azur, ou l’air circule entre les branches, apportant un sentiment de paix et d’harmonie.

En 1930, l’année supposée de l’exécution de cette toile, la peinture de Bonnard atteignit sa plénitude.

Katsushika Hokusai. "Sous la vague au large de Kanawaga", vers 1830. Série "Les 36 vues du mont Fuji", xylogravure polychrome, oban yoko-e, 25,5 X 37,7 cm Collection Georges Leskowicz
Katsushika Hokusai. "Sous la vague au large de Kanawaga", vers 1830. Série "Les 36 vues du mont Fuji", xylogravure polychrome, oban yoko-e, 25,5 X 37,7 cm Collection Georges Leskowicz

Photographies : Jean-Louis Delbende

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