La riziculture au Portugal

Les 25 et 26 septembre 2023 s’est déroulé le troisième voyage d’étude organisé dans le cadre du projet Sustainable EU Rice – Don’t Think Twice.
Il s’agissait d’un voyage d’étude de la riziculture au Portugal, dans la vallée du Tage, à quelques dizaines de kilomètres de Lisbonne.
Un des organisateurs de cet événement n’était autre que COTArroz dont la mission est de promouvoir le développement du secteur rizicole à travers la recherche appliquée, en améliorant le niveau de connaissance du secteur, en approfondissant les partenariats et en valorisant et qualifiant les agents et les produits.
COTAroz regroupe de nombreuses entités du secteur national de la riziculture, de la production aux consommateurs, en passant par les institutions liées à la recherche et à l’éducation, ainsi qu’une forte implication dans l’industrie. L’objectif est de définir l’Agenda de Recherche et d’Innovation pour le secteur rizicole, de transférer des connaissances actualisées à tous les agents du secteur en vue de leur qualification par rapport aux besoins d’innovation, tout en améliorant leur compétitivité et leur formation.
La production de riz au Portugal est documentée depuis le XVIIIe siècle. Malgré le fait qu’il se cultivait déjà beaucoup dans les régions du Sud et comme héritage des musulmans, il y eut seulement à partir de cette date des indications de sa présence dans les zones limitrophes de l’estuaire du Tage que nous avons visitées.
Des siècles plus tard et à cause du risque de malaria, les semailles furent interdites, mais graduellement les réticences initiales furent levées. Le XIXe siècle connut une culture systématique et un intérêt certain de l’agriculture portugaise dans la production rizicole. Les rizières s’étendirent le long du bassin des rivières et fleuves.
Dans les années 1930, les rizières augmentèrent considérablement leurs superficies.

Actuellement, la riziculture au Portugal s’effectue dans le bassin du Mondego (Figueira da Foz, Coimbra), dans les bassins de la Beira Baixa, dans le bassin du Sado (Alcácer do Sal), dans le bassin des affluents du Tage, dans les barrages au Sud ainsi que dans d’autres régions du Portugal.
Un fort pourcentage de riz du Portugal correspond aux variétés du grain arrondi, le carolino.
Au Portugal, la production rizicole est dépendante de trois critères importants : la température (qui ne doit pas être trop basse), l’eau disponible (qui influence l’apparition de possibles maladies) et la quantité de radiation solaire reçue par les rizières.
Dans l’ensemble de l’agriculture portugaise, la situation actuelle de la récolte du riz est favorable, avec une production proche de la moyenne communautaire.
Le riz est l’accompagnement habituel des plats de la cuisine portugaise. Il appartient à la culture culinaire du pays.
Les très nombreuses façons de cuisiner le riz font du Portugal un des plus grands consommateurs de riz de l’Union Européenne. La consommation annuelle par habitant se situe aux environs de 15 kilos, pour un total d’environ 140 000 tonnes de riz par an.

L’EVOA Park, lors de la visite que nous leur avons rendue, a mis l’accent sur une association que le néophyte n’envisagerait pas : la complémentarité de la faune aviaire et de la riziculture au Portugal.
Située au cœur de la zone humide la plus importante du Portugal, la Réserve Naturelle de l’Estuaire du Tage, EVOA – Zone d’observation et de conservation des oiseaux de l’estuaire du Tage, permet aux visiteurs de connaître et de profiter du patrimoine unique existant entre la Lezíra et l’estuaire du Tage.
Trois zones humides d’eau douce sont intégrées à EVOA, sur un total de 70ha. Ces lagunes sont très importantes pour l’avifaune, étant utilisées comme zones de refuge ou de nidification. Pour garantir la tranquillité des oiseaux et maximiser l’expérience et le confort lors de la visite, il y a quatre observatoires dans les lagons, 3 caches photographiques, plusieurs points de vue discrets et un centre de visiteurs permettant de participer aux différentes activités complémentaires à l’observation des oiseaux.
L’observation des oiseaux commence dès l’entrée dans le sud de Lezíria depuis Vila Franca de Xira : le contraste entre les paysages, la relation entre tradition et innovation et, bien sûr, la variété des espèces qui se nourrissent et se réfugient dans les canaux, dans les champs agricoles et dans les pâturages de Lezíria.
EVOA a comme motivation principale la conservation de l’avifaune de l’estuaire du Tage et de la Lezíria de Vila France de Xira dans les habitats naturels et agricoles.
Pour cela, EVOA prétend :
- Créer des conditions qui attirent la plus grande diversité possible d’oiseaux présents dans l’estuaire et dans la lezíria ;
- Créer des conditions pour l’observation des oiseaux, en toute tranquillité, pour ceux qui ont déjà une certaine expérience ;
- Contribuer à la diffusion de l’importance de la conservation des oiseaux ainsi qu’à faciliter leur étude scientifique ;
- Augmenter la zone intertidale disponible pour les oiseaux hivernant dans l’estuaire ;
- Augmenter les zones propices à la nidification des différentes espèces d’oiseaux aquatiques;
- Divulguer les travaux de construction et de conservation de la Lezíria ;
- Sensibiliser à l’importance de la gestion de l’eau, dont la Lezíria est un excellent exemple ;
- Démontrer un modèle d’autosuffisance dans la gestion de la conservation de la nature.
Le fado est un genre musical populaire, constitué de chants populaires au thème mélancolique.
Typiquement originaire de Lisbonne, les thèmes récurrents du fado sont : la saudade, l’amour inaccompli, la jalousie, la nostalgie des morts et du passé, la difficulté à vivre, le chagrin, l’exil…
Les participants à ce voyage d’étude eurent la possibilité de passer une soirée dîner / fado organisée par l’Associação do Fado Casto.

Jean-Louis Delbende, octobre 2023
Photographies 1 & 2 : Jean-Louis Delbende, 3 : EVOA, 4 : Associação do Fado Casto